Jeudi 7 février s’est tenu à Vincennes l’Assemblée générale de la Ligue Ile-de-France. Nombre de licenciés, activités montagne, canyonisme, budget, sport-santé, nouveaux candidats pour les commissions… Elle a été l’occasion de dresser le traditionnel bilan de l’année, et définir les perspectives de celle à venir, avec pour cette édition 2019 un débat franc et direct autour de l’organisation des compétitions d’escalade. Retour sur les points clés à retenir.
Les compétitions victimes de leur succès
En 2018, 47 compétitions d’escalade FFME ont été organisées en Ile-de-France, soit 5 de plus que l’année d’avant, et ce chiffre devrait encore augmenter l’année prochaine. L’escalade a le vent en poupe, la compétition attire de plus en plus d’adeptes, mais ce succès amène aussi de nouvelles problématiques, et l’organisation des compétitions a fait l’objet d’échanges passionnés.
D’abord concernant les Coupes de France, notamment en bloc. Elles étaient jusqu’à récemment ouvertes à tous les pratiquants licenciés, du débutant à l’expert. Mais ces compétitions par étapes accueillent chaque année de plus en plus de grimpeurs. Conséquence : une surfréquentation et une saturation qui nuit à tout le monde. Les participants se retrouvent dans des salles ou des gymnases trop petits par rapport à l’affluence, les compétiteurs attendent parfois plusieurs heures avant de pouvoir grimper, sans parler des problèmes de propreté que cela engendre. Quant aux organisateurs, ils sont parfois débordés par l’ampleur de ces compétitions et par les nombreuses sollicitations des participants.
C’est pourquoi la fédération a annoncé en septembre dernier que les Coupes de France ne seraient plus ouvertes à tous, mais seulement aux grimpeurs les mieux placés au classement permanent. Voilà les explications données par le représentant national de la FFME, présent ce soir-là à l’AG de la Ligue.
Ce changement de règlement et son annonce, « brutale » et « sans concertation », a été très mal vécue par de nombreux clubs. « On a des gamins qui veulent faire des compétitions, et on est obligé de leur répondre : t’es pas assez bon » s’est lamenté le président du club d’Asnières. Un message désastreux selon lui, qui casserait tout le travail mis en place depuis plusieurs années pour faire émerger de jeunes talents au sein des clubs. Les présidents de clubs regrettent pour la plupart que le siège national de la fédération n’écoute pas suffisamment « le terrain » et ne s’intéresse qu’à l’élite.
Parmi les réponses du représentant de la FFME, il faudrait « développer davantage de compétitions de proximité » pour faire face à la demande croissante. « On aimerait bien, mais nous ne sommes pas les seuls décisionnaires » ont rétorqué les présidents de clubs. Il faut d’abord convaincre les mairies et leurs élus, qui sont rarement emballées à l’idée de mobiliser leur mur plusieurs jours pour une compétition, privant pendant cette période leur public scolaire de l’activité escalade. Difficile donc de trouver des solutions à court terme, le débat n’a pas fini d’agiter les instances fédérales.
Autre sujet de crispation : la participation d’athlètes étrangers aux championnats français d’escalade. Rien d’illégal, comme en football ou d’autres sports, l’Europe autorise les ressortissants étrangers à participer à des compétitions d’autres pays que le leur. En escalade, le phénomène était jusqu’à maintenant anecdotique, mais il a pris une ampleur nouvelle lors du championnat régional de bloc d’Ile-de-France, début février. Cinq membres de l’équipe nationale belge d’escalade se sont en effet licenciés au club Block Out Centre Essonne et ont ainsi pu participer à la compétition. Plusieurs de ces athlètes de haut niveau ont trusté les premières places du classement, prenant par la même occasion de précieux tickets qualificatifs pour les championnats de France, et empêchant certains grimpeurs franciliens d’accéder à ce moment fort de la saison.
Ce n’est pas tant la participation de ces grimpeurs étrangers aux compétitions françaises qui dérange les clubs de la région, c’est surtout qu’ils puissent empocher les points et les places qualificatives pour les championnats de France. La fédération avoue avoir été prise de court, et n’a pas encore de réponse satisfaisante à donner à cette nouvelle problématique. En attendant, certains clubs franciliens dénoncent une forme de concurrence déloyale, où « le sport français finance le sport belge ».
D’autant que ces grimpeurs étrangers font appel aux services de clubs financés par les salles privées, comme Block Out dans le cas présent, ce qui accentue le clivage avec les clubs purement associatifs de la région parisienne.
Visé par les critiques, l’entraîneur et responsable de la Team BO était présent à l’assemblée générale et a pu donner sa version des faits : le club Block Out est une association loi 1901 au même titre que tous les clubs associatifs. Certes, il dispose de financements d’une structure privée, mais il rappelle que son club n’est pas le seul dans ce cas, qu’il a beaucoup moins de licenciés qu’un club classique et engrange donc beaucoup moins de rentrées d’argent liées aux inscriptions.
Plusieurs athlètes belges ont sollicité ses services pour pouvoir participer à des compétitions de qualité qu’ils ne trouveraient pas dans leur pays. Il rappelle également que les bons résultats de ses compétiteurs permettront à l’avenir d’augmenter les quotas de qualifiés de l’Ile-de-France pour les championnats de France, et donc de bénéficier indirectement à tous les clubs de la région.
Et puis est venue la question des juges et des présidents de jury. L’organisation de compétitions fédérales repose d’abord sur la bonne volonté de ces bénévoles, et sur leur formation. L’Ile-de-France souffre en ce moment d’un gros manque de présidents de jury, et ceux qui officient sont épuisés par le rythme soutenue du calendrier de compétitions.
Concernant les juges de difficulté et de bloc, il existe une grosse disparité, avec des départements bien pourvus et d’autres beaucoup moins. Les formations affichent souvent complet, mais le système de validation des juges et présidents stagiaires pose problème car il n’y a pas assez de compétitions de niveau régional et national pour valider leur formation.
Mais ces différents dossiers ne doivent pas occulter tout le travail effectué par la Ligue en matière de compétition :
- Elle prend en charge l’intégralité des dépenses pour l’organisation des championnats régionaux, et soutient financièrement les autres compétitions, comme par exemple l’open régional de difficulté de Courcouronnes ou l’open de difficulté Suresnes sur prises.
- Elle encadre l’équipe régionale jeune d’escalade (ERJE), constituée de jeunes espoirs, afin de leur faire passer le palier du niveau national. Ils bénéficient de stages tout au long au long de la saison pour les faire progresser dans tous les domaines (échauffement, alimentation, préparation physique, mentale, préparation aux compétitions…).
- Les résultats des compétiteurs franciliens témoignent d’ailleurs de la bonne santé et du dynamisme de la région, avec des champions sur les podiums de quasi toutes les catégories jeunes, senior ou handi. La championne de France de bloc Fanny Gibert accroche même la troisième place du classement général de Coupe du monde de bloc 2018 !
- Pour répondre au développement de l’activité, la responsable compétitions de la Ligue IDF envisage de mettre en place une commission compétitions, avec un représentant de chaque département francilien.
Montagne : une équipe régionale 100% féminine, et des stages à mieux remplir
La Ligue propose aux licenciés de la région de nombreuses sorties en montagne encadrées, en découverte, initiation ou perfectionnement, allant de 70 à 660 euros, avec matériel à disposition.
Les 8 encadrants de la Ligue ont proposé l’année dernière 20 stages ? (à vérifier), de ski-alpinisme, d’alpinisme, de raquette à neige.
Mais ces stages ne sont pas toujours remplis (3 ont dû être annulés faute d’inscriptions), et ce sont souvent les mêmes participants qui s’y inscrivent. La commission montagne réfléchit aux moyens de mieux communiquer autour de ces stages pour qu’ils soient mieux identifiés par les licenciés.
Une équipe régionale féminine de montagne a vu le jour, avec 5 stagiaires bien motivées qui ont participé à 13 stages, leur permettant d’acquérir de solides bases dans les différentes activités de montagne.
La ligue souhaite maintenant développer une équipe régionale mixte, avec l’objectif de former les stagiaires au montagnisme puis à l’alpinisme, sur une durée de 18 à 24 mois. Les membres de cette promotion pourront ensuite devenir encadrants à leur tour.
Canyon : une équipe régionale comme objectif
La Ligue a proposé un stage de technique verticale au viaduc des Fauvettes pour se familiariser avec les manip’ de cordes, et un stage découverte / perfectionnement dans l’Ain, ouvert non seulement aux licenciés franciliens, mais aussi au niveau national.
Niveau matériel, 8 combinaisons, mais aussi des cordes, des casques et des baudriers sont disponibles pour les participants qui souhaitent découvrir l’activité.
La Ligue souhaiterait mettre en place une équipe régionale de canyon, sur le modèle de l’équipe montagne, pour amener les stagiaires à devenir initiateur canyon et disposer de bénévoles capables d’encadrer de futurs stages.
Nouveautés de la Ligue : 2 nouvelles commissions, communication, et médicale
Depuis l’année dernière, la Ligue a mis en place une commission communication, pour mieux expliquer et faire connaître le travail de cet échelon régional de la FFME.
Un nouveau site internet a vu le jour, plus moderne, plus esthétique, plus clair, et plus facile à mettre à jour.
La Ligue communique aussi davantage sur les réseaux sociaux, là où de plus en plus de pratiquants se tiennent informés de l’actualité de l’escalade et de la montagne.
Une commission médicale a également vu le jour, et a déjà organisé un premier séminaire, avec l’intervention d’un kinésithérapeute, d’une diététicienne, et d’une nutritionniste du sport.
La commission médicale a permis à l’équipe régionale jeune d’escalade de bénéficier des conseils d’un médecin du sport et d’une nutritionniste lors de leurs stages de préparation.
En matière de formation, la Ligue étoffe ses compétences, avec un nouveau conseiller formation et un nouveau formateur qualifié pour la gestion des EPI (équipements de protection individuels) au sein de son équipe.
Enfin, les 5 nouveaux candidats qui se sont présentés pour intégrer la Ligue ont été élus à l’unanimité. Leurs professions de foi sont consultables sur le site de la Ligue.
Les rapport moral et financier ont été approuvés à l’unanimité.
La ligue en quelques chiffres
- 45% des licenciés franciliens sont des femmes, 55% des hommes
- 56% sont des jeunes
- L’âge moyen des licenciés est de 25 ans
- 103 clubs affiliés
- 17 clubs bénéficient des labels de qualité FFME, dont 2 Performance
- Les Hauts-de-Seine et l’Essonne sont les départements où il y a le plus de licenciés
Le montant de la part régionale de la licence a été maintenu à 4 euros.