Retour d’expérience – Stage « Terrain d’Aventure » de l’ERM

20-24 mai 2021

L’escalade en terrain d’aventure

Vous connaissez l’escalade en terrain d’aventure ?
Nous, nous ne connaissions pas ou très peu pour certains !

L’escalade en terrain d’aventure (aussi appelé escalade traditionnelle), c’est un peu comme l’escalade que l’on connaît habituellement : celle où on passe le point puis où les jambes flagellent dans les couennes, ou alors celle où le vide de chaque côté du passage en arrêtes sont des gouffres béants de 300 mètres… mais en mieux.

Pourquoi en mieux me direz-vous ? Eh bien parce que les points d’assurage « bétons » (ndlr : ceux-là même en laquelle la confiance est limitée quand on les dépasse de 2m) sont remplacés par de tout petits bouts d’acier inoxydable (faudrait pas que ça se dégrade quand même) placés au bout d’une tige de métal pas plus épaisse qu’un lacet.

Il en existe d’autres bien sûr : des mécaniques, des Friends (vous comprendrez plus loin qu’ils deviendront nos meilleurs amis) et puis des sangles de la taille d’un bout de ficelle.

C’est dans cette aventure extraordinaire que les vieux pitons rouillés deviennent un passage à clipper absolument.

L’Equipe Régionale de Montagnisme

L’ERM 2019-2021 c’est nous (Henri Alexis, Florian, Sébastien R, Sébastien D, Jean-Michel et Julien), les passionnés de montagnes !

On apprécie tellement la montagne et l’escalade que quand on nous a dit « vous allez apprendre à grimper en terrain d’aventure, sur coinceurs, sans point, on s’est dit « banco » ! L’objectif viendra très vite d’appliquer ces connaissances fraîchement acquises en montagne et par la suite de propager notre savoir à d’autres.

Le stage

Le stage commence pour nous quelques semaines avant son début sur place (destination ? Date ? Encadrants)

Les courageux Frédérique et Arnaud se dévouent, ils s’occuperont des « boulets » !

Quant à la destination, ce sera le Carroux. Très réputé pour son rocher de qualité et son escalade en TA, le lieu semble tout indiqué.

Enfin, la distance nous séparant du lieu de grimpe engage une durée de stage non négligeable. Certains décideront alors de s’y rendre plus tôt ou de prolonger pour profiter de la région.

Ce n’est pas grave, on prend notre mal en patience. Il nous a bien fallu 2h pour accompagner les premiers sur leurs premières voies (échange de cordées de dernière minute pour ceux qui ne veulent plus marcher) on est plus à 10 minutes. 30 minutes supplémentaires seront nécessaires pour rejoindre la seconde arrête.

6-7-8 : c’est le nombre de longueurs dans lesquels nous grimperons tous en réversible (technique dans laquelle le leader et le second s’échangent les rôles à chaque relais). Certaines croiseront des pressés qui ralentissent une fois dépassés, d’autres sympathiseront avec des locaux. Deux voies, deux ambiances.

Le retour se finira par une longue… très longue descente pour qui a mal aux genoux. Les locaux s’amusent à nous dire « bienvenu au Carroux »

On s’attend à la guinguette du coin avec un rafraîchissement bien mérité puis retour à la maison.

On reproduit le cycle du soir de toute bonne sortie bien préparée.

Malheureusement, couvre-feu oblige, certains se limiteront à une demi-journée de couenne équipé avant un retour à Paris qui s’annonce chargé alors que les autres profiteront jusqu’au bout de cette dernière journée de stage par une arête sur l’arête à Marcel avec environ 1h30 d’approche.

L’arête à Marcel :

L’arête à Marcel, ça commence par un grand jardin avec un soi-disant mur de « pierres sèches » (?) et un petit jeu de piste qui nous fait un peu nous sentir comme les explorateurs d’un ancien sentier perdu, on part à l’aventure, c’est conforme.

Après 1h de marche dans la jung..euh la forêt, Arnaud nous fait remarquer que nous avons le nez sur une inscription gravée sur une petite tablette de pierre, au milieu d’un passage qui n’appelle pourtant qu’à être traversé. On cherche ladite arête, rien de catégorique, mais soit. Si ça dit que c’est ici, c’est que c’est ici. Le topo parle de passer par 2 dièdres parallèles, de ne pas se laisser leurrer par les friends coincés, de ne surtout pas prendre par-là, et même de surmonter un mur !

Au bout de quelques minutes, le premier relais est posé, mais, pas au bon endroit, trop à droite. Bon, admettons. On bifurque, et après une petite traversée feuillue on se retrouve bientôt sur l’arête. Et là, tout y est, des surplombs, des dalles, une lame, un gendarme, et aussi la vue, de plus en plus belle avec la hauteur (oui, c’est une arête en montée). Au-dessus de la canopée, on découvre une nouvelle ambiance, aérienne, et moussue. Il y en a partout, ça change un peu du rocher, c’est plus doux, et puis ça ajoute de la couleur.

En haut, on atteint le gendarme sommital caractéristique au rapport, avec non-loin une magnifique plateforme parfaitement équipée pour pique-niquer, l’endroit parfait, presque trop beau pour être vrai. On en aurait bien profité, si on ne l’avait pas vue qu’après avoir déjeuné au sommet de l’arête, en plein vent, comme il se doit.

On descend en quelques enjambées, et on repasse bientôt devant la petite plaquette. Ça donne presque envie de la refaire d’emblée, mais il se fait tard, et il faut rentrer. En tout cas on est ravis, on reviendra !

Arnaud en action !

Frédérique prend la pause !

Les dates maintenant : impossible de parler du stage sans aborder la situation actuelle. La situation sanitaire et les confinements à répétition ont entraîné l’annulation, le report et les modifications nous amenant à retarder les stages d’une année ou alors tout simplement à les annuler.

Dans ces conditions, quand on nous a demandé de montrer patte blanche avant de participer au stage, vous vous doutez bien qu’on a pensé très fort à un friends dans sa fissure lors du passage du coton tige. Cette expérience inédite a vite été oubliée en arrivant dans notre nouvelle région d’adoption qu’est l’Occitanie.

On arrive alors sur place, on se rencontre, on se découvre, on se présente. Assez rapidement l’évident se révèle « pas de grimpe depuis 1 an ». Pas de soucis, c’est un stage découverte alors on adapte et on rassure, ça va bien se passer.

Passage à table et fabulations de grimpeurs : « grand bornant par ci », « le stage de ski par la », « on s’est déjà vus dans un refuge non ? ». On passe ensuite aux vérifications matos/ les nœuds/ le topo c’est bon. On forme les cordées et on répartit le matos, on est prêts !

Notre première journée se déroulera sur le secteur Petite paroi.

Après une mise en autonomie sur la recherche d’itinéraire, nous finissons par trouver nos voies, ce seront des voies équipées en trois ou quatre longueurs. Alors là je ne vous raconte pas, ça grince, ça couine, ça jure sur les cotations mais on finit par arriver en haut tous ensemble avec un grand soleil d’été pour le casse-croute. On n’est pas bien là ? On est obligés d’y retourner ? Bon bon, on se motive, l’apéro ça sera plus tard !

Technique d’encordement de rocher et rappel, nous voilà à nouveau en bas des voies.

Cette fois ci, on choisit des voies un peu plus simples. Les premiers de cordées se lancent et là les difficultés commencent. Quel coinceur pour cette fissure ? On va tenter un câblé… ça ne rentre pas…on change… mince trop gros… pendant ce temps, les bras et les mollets gonflent, se tétanisent lentement mais une chose est sure : il faut vite se sortir de cette situation. C’est alors que l’idée d’utiliser un friends apparaît. En effet, ce coinceur mécanique de taille variable permet de s’adapter de manière plus dynamique à la taille d’une fissure.

En général, malgré notre faible expérience, deux essais suffisent pour trouver une taille correcte.

On retrouve alors les sensations de l’escalade et malgré une légère appréhension sur l’efficacité du matériel, on avance, on enchaîne et on sort… on a réussi !

Marche retour au soleil et on reproduit alors le scénario de la veille (préparation des sacs, Itinéraire et détente jusqu’au lendemain)

Une nouvelle journée commence. Plus nuageuse, plus humide mais pas moins excitante. Le beau temps nous rejoindra vite.

Le programme du jour c’est l’utilisation des coinceurs en arrête.

Pour cela on a choisi de monter dans les aiguilles. Scènes majestueuses des gorges d’héric, elle nécessite tout de même une approche importante. La promesse d’une voie peu chargée ? Raté ! Nous sommes samedi et il fait beau. Nous ne sommes pas les seuls à avoir vu de loin ces trois arrêtes qui dominent le paysage.

Conclusion du stage

L’escalade en terrain d’aventure porte bien son nom. Passant de voies semi équipées ou juste sans rien, elle nécessite l’emploi de matériels variés. On revoit alors sa définition des relais lorsque l’on se sert de becquet et comme toute pratique, on prend confiance en pratiquant.

A la fin d’une journée, la préparation, la marche, la recherche, la grimpe, l’angoisse du point, le plaisir de la réalisation, le retour et le débriefing nous donnent réellement la sensation d’avoir vécu… une aventure.

Ce stage nous aura permis de sortir en falaise et de profiter d’un cadre incroyable tout en découvrant une pratique qui rajoute une corde à notre arc. Nous reste à pratiquer encore pour maîtriser cette pratique et pour envisager de nouvelles… aventures.

Un grand merci à Frédérique et Arnaud pour leur dévouement et leur bienveillance. Sans eux, ce stage n’aurait pas pu avoir lieu.

Julien Faucheux